• À P.


     

        Souvenirs, souvenirs... Il faut que je vous dise, je suis un grand sentimental, un sacré émotif. Ah mais je n'ose pas l'admettre, j'essaye de le cacher, de le dissimuler tout à fait. Que de tempêtes intérieures auxquelles j'ai dû faire face... Pas de secrets, faut tenir bon et rien lâcher dans ces cas-là. Surtout pour un loustic dans mon genre. On a vite fait de s'emporter, de s'inventer mille et un scénario impossible à tel point qu'on sait plus ce qu'on doit faire. De la lucidité que diable ! Voilà ce qu'il faut que je garde en tête. Je suis déterminé, c'est définitif.
    C'était en somme ce que je pensais pendant que je l'attendais. Au fond je ne me croyais pas vraiment. Déjà, je commence à dériver d'une pensée à l'autre. Que vais-je faire quand je vais la voir ? L'étonner, la surprendre ? Je me prends soudain pour un albatros, oiseau majestueux, fier, gracieux et magnifique. Ah ! Quel orgueil ! Je veux être un oiseau de rêve mais je suis cloué au sol... Me voilà dans la même infâme situation que ce Diomédéidés de ce cher Baudelaire, tout pataud, gauche et veule. Et encore ! Je suis bien présomptueux de me comparer à un si bellâtre. Je suis tout crabe boiteux, misérable, caché sous sa carapace. Ah mais non, je ne m'y résoudrais pas ! Je veux la faire rêver ma petite Lili ! L'emmener partout sur mon dos, la rendre fière de moi. Qu'elle rende les autres jaloux quand elle parlera de moi. Pour cela, je lui raconte tous mes rêves, mes projets, mes ambitions. J'ai de la volonté quand je lui raconte. J'y crois dur comme fer ! Ahah ! Mais je déchante très vite. Ma motivation me fait grandement défaut. Je me sens alors tout honteux. Elle ne m'en reparle jamais de mes projets, elle doit bien s'en rendre compte...

        Ah ! La voilà qui arrive ! Mon adorée ! Ma vision du monde change complétement quand je l'aperçois. Plus rien d'autre n'a d'importance. Y aurait-il eu quelqu'un pour me donner un million d'euros à ce moment précis que je te l'aurais envoyé valser ce bougre d'imbécile. Ah ça fallait pas venir me troubler dans des instants pareils ! A présent, elle est suffisamment proche pour m'enivrer de son parfum. Je n'en puis plus. Mon cœur bat la chamade à tout rompre. J'essaye de rester stoïque, ne rien laisser paraître. Bon sang, quel que soit le parfum qu'elle mettra, ce sera pour moi la même décharge d'émotion qui en découlera. Ça n'a pourtant l'air de rien de prime abord, pas l'air extraordinaire, une odeur rien de plus. Seulement c'est sans compter la partie limbique de cet organe gris mou qui aura retenu la délicieuse odeur et reproduira cette même décharge dès que mes narines humeront ces précieuses saveurs. Il ira jusqu'à me convaincre de la présence de cet être cher même lorsqu'elle est absente et qu'une autre porte un parfum identique. Ah mais c'est que je suis perdu dans de pareilles conditions ! J'enrage, je la cherche, je ne sais plus où donner de la tête. Rendez-vous compte des états dans lesquels peut me mettre une odeur ! Associez cette odeur à une personne et même à LA personne devrais-je dire et admirez le branle-bas de combat interne. La puissance du parfum... Rien de mieux pour vous offrir une session nostalgie. Plus tard, j'essayerai de récupérer tous ces parfums qui ont de la signification. Ceux qui rappellent un été, ceux qui rappellent un amour, ceux qui rappellent un hiver, ceux qui rappellent un chagrin... J'embaumerai alors une pièce d'un de ces souvenirs. Je créerai à nouveau cette ambiance, cette sensation qui n'existe plus que dans le passé...
    Voyez ! Je vous avais prévenu. Je me suis laissé aller dans l'excès. Pourtant cet excès ne restera que sous la forme de pensée. Ne voulais-je pas la surprendre c'est ça ? Me voilà tout lambin, demeurant interdit face à elle. Ah ! Je bisque positif !

        A ce moment, elle porte une robe des plus resplendissantes. Cela lui aura d'ailleurs valu une remarque peu avenante d'un gros beauf de service quelques minutes auparavant. Elle me raconte. Je ricane, je préfère rire des types comme ça, y a pas à aller chercher plus loin...
    "C'est pas drôle !" qu'elle rétorque. Me voilà admonesté. Je ne réponds rien, je me sens fautif d'avoir réagi de la sorte. Il faut me comprendre, je ne ris que par exaspération des lascars de cette sorte. J'en ai assez de les blâmer, ça ne mène à rien.
    On change très vite de sujet, on parle de tout et de rien. C'est assez plaisant. On finit par arriver dans un parc. Il fait beau, c'est le début du printemps, on s'assoit dans l'herbe. Je peux alors pleinement la contempler. Elle est mon anima. Je m'émerveille devant la beauté de ses boucles brunes, je chavire face à son sourire, son regard me transperce et m'emplit de bonheur. Je peux avoir l'air sacrément niais dans ces situations mais ça me suffit. Elle porte également à son poignet droit le bracelet que je lui avais offert. Je ne le cache pas, cela me remplissait d'un grand contentement. J'ai laissé une part de moi-même dans ce simple bijou, la voir le porter était au-delà de mes attentes.
    Elle est d'humeur taquine à présent, elle se moque gentiment de mes dires. Oh ! Mais je ne vois que le premier degré, j'ergote, je me vexe, je boude alors ! Je veux qu'elle m'embrasse qu'elle me câline à la place. Elle préfère attendre que je me rende compte de mon erreur. Je grommelle intérieurement quelques instants avant de réaliser ma réaction disproportionnée. Ah ! Maintenant c'est moi qui ai envie de la cajoler, la choyer. Tout est résolu, je suis redevenu tout mièvre guimauve.
    Il est temps de se relever pour continuer à se promener un peu. C'est elle qui propose. J'accepte bien que j'eusse aimé rester à cet endroit toute ma vie. On marche en silence, main dans la main. C'est notre moment de répit de la semaine face à ce monde fou. Il va être temps de se dire au revoir. Déjà...

        Le temps a passé, les gens évoluent ainsi que les relations. Tous les jours qui se sont écoulés depuis ont ajouté une part infinitésimale de réflexion tant par rapport à la globalité que la particularité des rapports humains. Toute relation n'est jamais immuable et peut demander plus de recul et de distance. Cependant, le respect et l'affection n'ont pas moins changé dans ce cas précis. Il n'y a aucun regret à avoir. Ou peut-être un seul. Ne plus voir ce fameux bracelet à ce si joli poignet puisqu'il reflète une relation présente et non pas un fait passé...


     

    Nicolas


    votre commentaire
  • Du 29 mars au 1er avril prochain se tiendra au Grand Palais, la foire d'Art moderne et contemporain Art Paris Art Fair.

    Ce salon regroupera 120 galeries d'Art moderne et contemporain réparties sur 6500 m2.

    Pour cette occasion, le site exponaute vous propose une offre: une place offerte pour chaque place achetée, ce qui reviendrait à payer 10 euros la place.

     

    Mais attention, cette offre n'est valable jusqu'à vendredi 23 mars, et il ne reste, à l'heure où je vous écris, que 19 (doubles) places !

     

    Pour plus d'informations, ou pour commander vos places, voici le lien:

    http://selection.exponaute.com/products/art-paris


    votre commentaire
  •  

    Un film divertissant et culturel de David Cronenberg qui retranscrit la naissance de la psychanalyse Freudienne.<o:p></o:p>

    Un jeune médecin, Carl Jung joué par Michael Fassbender, tente d'analyser et de comprendre les comportements névrosés à tendance masochiste d'une jeune patiente, jouée brillamment par Keira Knightley. L'attrait du défi face à un cas impossible le poussera à prendre sous son aile cette patiente et à appliquer la méthode psychanalyste de son maître Freud, joué par Viggo Mortensen (Aragorn pour les intimes et fans comme moi ;-)  ).<o:p></o:p>

     

     

    dangerous_method_official_poster

     

    <o:p></o:p><o:p></o:p>

     

    Notre avis:<o:p></o:p>

    L'habile mélange entre la mise en scène d'acteurs "actuels" si je puis dire et le sujet sérieux que constitue la naissance de la psychanalyse freudienne, le rend à mon goût réellement abordable par tous, et non pas uniquement par les mordus de philosophie et de psychanalyse. En dehors de Keira Knightley, impressionnante dans son rôle de folle (et qui cela dit en passant, la change grandement de son rôle dans Pirates des Caraïbes notamment ^^), et de Viggo Mortensen, l’apparition de Vincent Cassel nous permet également d’apprécier quelques moments croustillants.<o:p></o:p>

    Je l’ai par ailleurs vu en version originale sous titrée, ce qui m’a d’autant plus permis d’apprécier l’authenticité des acteurs.<o:p></o:p>

    Un film à ne malgré tout pas aller voir, selon moi, si vous ne vous sentez pas en mesure réfléchir un minimum durant la séance. L’histoire n’est pas toujours évidente à suivre et nécessite un minimum d’attention, mais c’est ce qui donne tout son intérêt à ce film.<o:p></o:p>

    Pour le résumer, sans en dévoiler trop, je préfère vous laisser découvrir la bande annonce 

     

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Bon visionnage !  =)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

     

    690495-a-dangerous-method-a-venise-le-2-637x0-3

     

    <o:p></o:p><o:p></o:p>

    Diane pour l’ISBaz’Art

     

     

    <o:p></o:p>


    votre commentaire
  •     Un jour, il faudra qu'on m'explique comment je me suis retrouvé là. J'avais rien demandé. Rien. Il a suffi que je veuille faire plaisir. C'est comme ça que les ennuis commencent généralement. On s'engage, on promet, on assure. Et puis on se retrouve dans un de ces sales bourbiers. Lamentable bouffonnerie. Y avait je ne sais combien de zouaves au mètre carré dans un espace qui empestait la transpiration. Tous à gesticuler, à se déhancher, à se désarticuler pour une raison difficile à comprendre. "S'amuser" vous dites ? Ah ! C'est la meilleure ! Est-ce amusant d'attendre comme un guignol dehors dans le froid parmi une marée abominable de personne jusqu'à ce qu'on vous laisse entrer dans un four !? C'est le choc de température qui vous plaît là-dedans ? Ou bien le fait de se compresser les uns les autres à en faire étouffer son voisin ? Non je sais ! C'est tellement plus gratifiant de se faufiler comme une anguille suivant le flux de la foule pour terminer devant une brute qui vous dit de refaire la queue. Ahah ! J'y suis ! C'est un jeu en fin de compte. Celui qui arrivera indemne jusqu'à la porte en inventant mille et un stratagèmes pour le faire le plus vite possible et ensuite utiliser sa farouche hypocrisie pour que l'autre gonze vous fasse rentrer.


        Je suis quand même dur, c'est vrai. Cette soirée était peu commune et elle s'est terminée très soudainement. Et même si on n’aime pas, il faut y aller au moins une fois pour l'expérience. C'est aussi un lieu pour se lâcher, faire le pitre ou bien trouver quelqu'un avec qui bécoter toute la soirée. Au choix. Mais quand on y va c'est pour avoir de l'alcool dans le sang en général. Tout le monde est alors Jocrisse. Tout le monde fait n'importe quoi. Du coup y a des grosses bidonnades. Ça me rappelle que Nils était bien entamé ce soir-là. Il était là à badiner sur chacun pendant qu'on faisait la queue. Spécialement sur un vendeur de crêpe qui était encore ouvert. Il avait une sale envie de bâfrer.
    "Eh l'ami ! Tu me donnerais une de tes crêpes ? Quoi !? A ce prix-là ! Ohoh j'ai compris ! Monsieur a mis sa petite cravate pour vendre ses crêpes plus chers ! Ahah ! C'est qu'il s'est mis sur son trente-et-un pour les vendre ! Le petit filou."
    Le petit vendeur disait rien. Heureusement d'ailleurs. Il avait sûrement dû en voir d'autres. Mais voilà que l'autre charrie ceux de devant. Il en a plus envie de ses crêpes. Il préfère maintenant railler un type portant une marinière. Ahah il se marre bien. Nous aussi, faut le dire. Seulement trêve de plaisanterie, les choses sérieuses arrivent. On approche de l'entrée. Là où la foule prend la forme d'un entonnoir. Ça pousse de tous les côtés. On essaye de rester au centre, face à la porte. Ouah le courant m'emporte vers l'arrière. Je m'agrippe à ce que je peux ! C'est bon je tiens l'épaule de Nils ! Il est complétement lucide à présent. Il sait très bien comment faire dans ces situations contrairement à moi. J'ai juste à bien le tenir et essayer de rester stable face à ces satanés mouvements de foule. Zoup, on se faufile. Ça y est, on est devant la grosse brute. Il reste plus qu'à jouer de nos simagrées devant lui. Hop ! On y est !


        A partir de là, on peut souffler un peu. La première étape est franchie. On jette un regard en arrière pour se foutre de la gueule de ceux qui sont restés coincé dehors. Chacun pour soi, c'est la règle ! Maintenant il s'agit de se faire fouiller comme des malfrats. Sait-on jamais, il existe un meurtrier au fond de chacun de nous après tout. Y en a bien qui essayent de faire passer des choses en douce. Rien de bien méchant en somme, ils veulent juste se faire plaisir. Faut dire que tout le monde n'a pas la bourse à Rothschild. Surtout qu’on n’en a pas fini de payer. On vous fait bien miroiter des gratuités mais il faut pas se leurrer, la balance est toujours défavorable. C'est pathétique d'appâter les autres comme ça. Le plus triste c'est que ça marche...


        La pause étant finie, il faut retourner dans une nouvelle foule. Et c'est reparti pour un tour ! Au bout, on donne de son flouze et de ses affaires contre un ticket. Ticket qui devient la hantise de la soirée. "Où est-il ? Merde je l'ai perdu ! Comment je vais faire pour récupérer mes affaires !? Nom de Dieu de bordel de... Ah le voilà !"
    Bon, en principe quand on en est enfin là, on va danser, rencontrer des gens, faire la fête quoi. Le seul hic c'est que moi j'ai pas envie de danser ni rencontrer des gens ce soir-là. Je suis le cheveu sur la soupe. Le seul idiot qui va en boîte pour faire son asocial. Je me déteste mais il reste en moi une pointe de fierté d'être le chieur de service. Roh allez je me lance ! J'ai les deux zigotos qui m'accompagnent et qui me font bien rire après tout. On saute partout en se tenant les épaules. On ne forme plus qu'un seul et même bloc, instable, imprévisible. Tantôt à gauche, tantôt à droite. Je trébuche. J'entraîne les deux en avant. On se cogne aux gens de devant. Ils nous repoussent. On repart en arrière. Ouah ! Nous voilà devant les enceintes. J'ai les tympans vrillés. On repart. On bouscule tout le monde autour de nous. On s'en tape, ça nous fait bien rire. Oula ! Attention ! J'ai remarqué deux colosses qui sont sur le point de se mettre sur la gueule. Surtout celui à ma droite. Ces yeux ! Ils me glacent le sang. Il avait l'air fou avec son sourire carnassier et son regard meurtrier. Je m'amuse plus du tout. Je décide alors de le pousser dans le dos de toutes mes forces à deux mains. Ça a marché ! Le voilà entraîné par le flot de personnes autour de nous. Je l'ai plus revu de la soirée. Ahah j'espère qu'il s'est noyé là-dedans ! Au moins il m'a pas vu, c'est déjà ça. Faut bien que ça serve parfois d'avoir un caractère discret, un peu fourbe sur les bords je le concède. Fiou que d'émotions ! J'ai besoin de souffler.


        On décide alors de "se reposer" dans le fumoir. Quel endroit ! Imaginez-vous une pièce sombre avec un tapis de cendre et un brouillard de fumée à couper au couteau. Faut avoir envie... On y rencontre un sacré numéro. Un meuble devrais-je dire, plus large que haut. Il nous explique qu'il veut devenir pompier. Il s'entraîne dur, c'est sa première soirée depuis trois mois. Ceci étant, malgré son entraînement physique intensif, il fume comme un pompier si je puis dire. Il fallait le voir allumer clope sur clope. La fumée avait pas l'air de le gêner. Quelle ironie ! Moi j'en pouvais plus de cet endroit. Besoin d'oxygène, les yeux qui pleurent. Ouch, je me barre en plein milieu de la conversation faut pas déconner ! Même en sortant j'y vois plus rien. Je marche sur les gens assis dans les escaliers, je trébuche, je vacille. Je me fais salement incendier. Ils commencent sérieusement à me taper sur le système ces gogols ! Je marmonne dans ma barbe qu'ils avaient qu'à pas être là. Bon, ça m'empêche pas de faire comme eux cinq minutes plus tard. Nils m'a rejoint, on a décidé qu'on avait plus envie d'aller dans la fournaise de la piste de danse. On préfère alors faire les salops et se payer la tête des gens tout saoûl.
    "Eh celui-là à l'air bien frais tiens. Attention à la marche ! Hop là ! Ahah ! Râté ! Dommage !"
    On en voit un qui est au stade "tout le monde est beau, tout le monde est gentil". Il est en train de discuter avec un vigile.
    "Euh... Vous savez j'admire votre métier hein ! Moi je suis pas un mec qui fait du bazar vous voyez bien. Je suis réglo avec vous. Je vois pas pourquoi on devrait toujours se brouiller avec vous. C'est cool, on est là pour s'amuser vous savez bien. Je suis... J'suis réglo quoi. Enfin vous voyez bien. On n’est pas là pour faire des bêtises ça non. Je... Je profite vous savez. Vous aussi vous êtes réglo avec moi, ça se voit bien. On n’est pas là pour se prendre la tête... Euh... C'est par où déjà les toilettes ?"
    Le vigile ça le fait bien rigoler d'avoir affaire à ce drôle d'oiseau. C'est à se demander s'il y en a qui serait pas plus lucide après avoir bu. Théorie à vérifier.


        Soudain une rumeur monte. Ça s'agite un peu partout. Les gens commencent à aller vers le vestiaire pour partir. Bizarre, le premier métro est dans encore deux heures. On essaye de savoir ce qu'il se passe. La police est là qu'on nous dit ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ? On creuse un peu. Attouchement dans la file d'attente pour entrer ?! Je ne sais que croire... Mais les bourres sont là, y a pas à dire. A ce moment précis, je commence à vraiment regretter d'être venu. Je suis le groupe, il n'y a plus que ça à faire, la soirée s'arrête là. C'est reparti pour faire la queue pendant une heure pour récupérer nos manteaux. Heureusement que Nils est toujours là pour déjouer la file d'attente. Je lui confie mon ticket. J'attends qu'il revienne... Je suis en train de me sentir mal. De l'air ! J'étouffe ! J'ai besoin de sortir dehors. Je trouve finalement une bouche d'aération, l'air y est plus frais en dessous. Je reste planté là en soufflant comme un bœuf. Nils me fait signe au loin. Il a mon manteau. Ouf, juste à temps.
    Nous voici dehors. Une voiture de police en face. Une fille en pleure au téléphone. Je crois comprendre qu'elle était là lors de l'agression à travers les quelques bribes de la conversation que j'entends. Ambiance lugubre... Beaucoup de gens sont là, à attendre sur le trottoir en espérant avoir quelques détails. Moi j'ai juste envie de rentrer mais faut attendre les potes de Nils qui sont encore à l'intérieur. Lui est pris d'une terrible soif. On peut plus rentrer dans la boîte alors il demande à un peu tout le monde dans la rue. Personne n'en a ou veut lui en donner. Il se décide à aller voir les condés à côtés de leur voiture. Ils semblent stupéfaits. Reconnaissons-le, c'est pas très courant comme manière d'agir mais après tout pourquoi pas. Apparemment c'est trop absurde pour les deux agents... Passons.    
    Tout le monde est finalement réuni, on se dirige vers une station de métro, Nils prend la tête de proue toujours de bonne humeur. Il me semble qu'il se trompe de direction mais je me suis renfermé à ce moment-là. Plus envie de parler à personne. J'étais dégoûté. Il s'est avéré que j'avais raison sur le chemin qu'on aurait dû prendre. Demi-tour toute ! On se rend compte qu'on a perdu des gens au passage. Tant pis. On retrouve cette maudite station, il ne reste plus qu'à attendre que ça ouvre. Je m'adosse contre un arbre à l'écart des autres. J'observe une nana de l'autre côté de la rue qui gueule au téléphone. Sa voix fait des trémolos, elle est sur le point de craquer. J'entends que ça parle d'une histoire de clef qu'elle a laissée chez l'interlocuteur et qu'elle ne peut plus rentrer. Un type vient soudainement me sortir de mes pensées. Il veut me vendre du shit. Je décline son offre. Je me sens presque vexé. Ah la belle image qu'il me donne devant les autres ! Je me renfrogne encore plus. C'est définitivement le pire moment de la soirée. J'attends, à ne rien faire. Et durant tout le reste du trajet ce ne sera que des épreuves de patience puisque l'on rate toutes nos correspondances.


        Je regarde les autres s'endormirent un à un dans le train du retour. Cette ambiance m'apaise. Il fait encore nuit, tout est calme dans le wagon. Je me perds dans mes esprits face à ce magnifique silence. Je repense à ce qui s'est passé ces dernières heures. Ce n'était peut-être pas une si mauvaise soirée en fin de compte.

    Nicolas


    votre commentaire
  •  

        " Allô ?... Quoi ?... Oui, ok. Viens dormir à la maison alors." Trois heures du matin. Pourquoi faut-il toujours qu'il se mette dans des situations pareilles ? Enfin bon... C'est A. après tout. Ça faisait un petit moment que j'avais pas eu de ses nouvelles. En voilà de bonnes ! Bon faut que j'aille le chercher, il doit être dans un de ces états encore... Il a bien l'âme d'un artiste tiens ! Toujours aller plus haut, plus loin. Atteindre le sommet inaccessible. Etre le premier à le vaincre. Alors bien sûr il nous paraît effrayant au début. Des fois on préfère redescendre, surtout quand on n’a pas l'habitude. Ensuite on prend confiance, on se dépasse, on veut s'améliorer quel que soit le prix. On est entré dans la danse et on veut plus y ressortir. Mais toute bonne chose a une fin et quand on aperçoit les cimes au loin c'est la grande dégringolade. Patatra ! La chute est longue et l'arrivée douloureuse. Et pourtant on remet ça. C'est indéniable, dès que la lueur d'espoir naît dans notre cœur, on est possédé. L'esprit est euphorique mais on est bien loin du paroxysme. Tout ira mieux après c'est certain ! Seulement la barrière du corps est là, imparable, bloquant la route. A moins que cette barrière ne soit la dernière étape. Mais alors elle signifie un point de non-retour. Un grand inconnu s'offre derrière elle. Un nouveau départ, alléchant et mystérieux à la fois. C'est un grand pari mais après tout l'homme aime à jouer, prendre de gros risques si la récompense en vaut la chandelle. Et elle la vaut ! Que représente-t-elle ? C'est simple : faites marcher votre imagination. C'est quitte ou double cette histoire. On sait pas ce qu'il y a réellement. L'Utopie ou le Néant... Peut-être autre chose. On est juste à contempler quelque chose qui brille, on le désire. Ah petite pie, tu la veux ta perle ?
    Finalement, y a peut-être pas que les artistes qui rêvent de la Grande Ascension. Inconsciemment ou non, il est bien souvent présent ce désir du dépassement jusqu'aux limites du possible. Chacun ses raisons ! Y en a c'est pour laisser une trace, d'autres qui aiment cette bouffée d'adrénaline à la frontière de la mort. Ça vous grignote petit à petit ou ça peut vous entamer d'un coup cette folie.

        Il était là, assis sur un banc, la tête entre ses mains. Il est monté dans la voiture sans un mot après m'avoir vu. Ça l'emmerdait pas mal de m'avoir appelé. Il aimait pas demander de l'aide, ah ça non ! Ça l'insupportait d'être dépendant de quelqu'un.
    "Il t'est arrivé quoi alors ?
    - Bouarf... Je me suis fait virer de chez moi"
    Il en a pas dit plus. Pas envie de s'expliquer et il savait très bien que je lui en demanderai pas plus.
    Quelques minutes de silence... Il s'agite sur place. Il se décide :
    "Prends pas mon exemple. Sérieusement ! Ne te mets pas dans la même situation que moi."
    Le voilà qui devient d'humeur paternelle. Je suis gêné, je réponds rien.
    "L'image que je donne n'est pas forcément représentative de ce que je suis. Penses-y. C'est pas souvent que je l'admets, même envers moi-même. Je suis obligé de me mentir sinon je sombrerai..."
    Il m'émeut. J'acquiesce à ce qu'il dit. D'une certaine manière il a raison de me prévenir. Il peut être une source d'admiration même dans ses moments d'excès.
    Il décide de changer de sujet, de parler de ses projets qu'il vient à nouveau de changer pour la énième fois. Soudain il se ravise sous le coup de l'impulsivité.
    "Dépose-moi là ! J'ai encore des trucs à faire."
    On se dit au revoir. Il me fait un dernier signe avant de disparaître dans la nuit. J'esquisse un sourire. Il ne changera jamais.

     

    Nicolas


    1 commentaire