•                 Où suis-je ? Pourquoi ? Comment ? Tant de questions sans réponses… Vous êtes-vous posés ces énigmes existentielles qui vous taraudent l’esprit ? Elles me hantent tous les jours… Particulièrement en ces sombres soirées d’automne qui ont le mauvais goût de vous saper le moral. Shakespeare nous disait que la vie n’était qu’une ombre en marche, un pauvre acteur qui s’agite pendant une heure sur la scène, qu’elle n’était qu’un récit conté par un idiot, plein de son et furie, ne signifiant rien. Une superficialité qui nous gouverne en somme. On se bat pour elle, on meurt pour elle, tout cela pour des rêves et des envies soudaines ; des volontés qui nous dépassent parfois. Allons de l’avant, battons-nous, vivons et refaisons le monde ! Il y a tant de choses à faire et à défaire. Tant de conflits à résoudre, tant de dilemme… Seulement, la dernière note de la mélodie semble bien amère. Sans lendemain. Pourquoi, mon Dieu, pourquoi !? Moi qui suis si faible, pourquoi !? Me répondras-tu enfin à ces questions sans fin ? Où en suis-je ? Perdu dans un univers de folie sans doute. A l’aide ! Au secours ! Que quelqu’un me réponde ! Le silence… Il n’y a que cela qui puisse m’entendre. Je ne vois aucune autre réponse. Où sont les belles utopies d’antan ? Les larmes sont mon seul réconfort, la nostalgie ma seule accroche.
    Adieu, je vous aime malgré tout le mal que vous m’avez fait. Je vous aime autant que vous m’avez fait souffrir. Terrible ténèbres, serez-vous les seuls êtres que je côtoierai avant cette fatalité ? Ai-je tant causé de mal autour de moi pour ça ? Est-ce le châtiment de tout mon égoïsme et de mon orgueil ? La peur et le remord me hantent. Je n’en puis plus. Au diable tous ces rêves idylliques qui me semblaient réalités ! Je ne mérite rien. Ni vos consolations, ni vos conseils, ni vos caresses, ni vos pleurs et vos désirs. Je ne suis qu’un fou qui gémit à l’agonie, rien de plus.
    Allez-vous-en ! Partez chimères de mon esprit, de mon cœur et de mon âme ! Toutes ces promesses qui s’évaporent… Envolez-vous vers Dieu, vers Satan ou vers qui vous voudrez, mais par pitié, ne me hantez plus.
    Ne m’en voulez point de cette plaidoirie pathétique et pitoyable. Je ne suis qu’une âme faible dans un monde qui me happe et me détruit. Laissez-moi en paix, c’est tout ce que je vous demande. Et quand bien même vous me laisseriez, je serais toujours malheureux. Idéal irréalisable… Que faire ? Rien ? Ce serait trop facile…

                    J’ai froid, si froid… Je marche dans cette rue à peine éclairée, seul. Je trébuche, je vacille. Je tombe dans cet abîme sans fin, cherchant désespérément une main à laquelle me raccrocher. Il est trop tard. Un instant, j’ai cru aimer vivre.


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  •            Je fais souvent ce rêve… Un rêve doux et âpre. Un rêve qui pénètre ma pauvre âme meurtrie. Un rêve qui n’est ni jamais tout à fait le même, ni réellement un autre. Un rêve empli de mélancolie et de remords.

                Le jour tombe. Je me tiens face à une mer calme, d’une grandeur infinie et merveilleuse. Les agonisantes lueurs rougeâtres de l’horizon me rappellent un certain automne, triste et plein de nostalgie. Une tendre brise me caresse le visage, à la manière réconfortante d’une mère qui exprimerait tout son amour pour son enfant. Je suis heureux, oui, heureux d’avoir suivi le soleil tout au long de sa course ; satisfait d’une journée menée à son terme et d’un repos solennel qui s’annonce. Demain sera un autre jour comme celui-ci, plein d’agréables surprises et de moments magiques ; plein de force et de vigueur, de volonté et de courage. Il est vrai que cet instant est imprégné d’un soulagement sans précédent. Le crépuscule me délivre de cette angoisse sourde de la vie et du temps. Cet état d’engouement me donne la force de soulever chaque montagne du continent, je suis déjà prêt à faire face au monde entier.

                Seulement… Seulement, le soleil couchant a déjà disparu de mon champ de vue et les ténèbres de la nuit noire viennent aspirer tout mon Être. En quelques secondes, tout a été happé par les terribles ombres. Ne reste plus que la lumière blanchâtre de la Lune, cette effrayante Lune que je redoute par-dessus tout. Déjà, elle m’enveloppe de son atmosphère phosphorique et  m’imprègne de ses couleurs pâles. Elle me fait comprendre que je ne suis qu’à Elle, m’enlace dans ses bras froids et me donne le baiser fatal. Puis, elle me murmure à l’oreille à la manière des clapotis de l’eau : « Tu n’aimeras que moi, mortel oisif, tu resteras à jamais dans ma douce étreinte. »

                Sa voix m’a séduit. Je me laisse faire docilement face à ses minauderies. Si j’avais été chat, j’aurais ronronné affectueusement et me serrais frotté contre sa peau blanche et douce. Mais, dans un dernier élan de lucidité ou de folie, je la repousse sans explication. Hélas, ce fut sans doute la dernière chose à ne pas faire. Vexée, la jalouse Créature se met à me serrer délicatement à la gorge. Une profonde tristesse m’envahit alors. Je savais que je ne pourrais plus enlever cette envie de pleurer qui venait de me saisir. Les yeux plein de larmes, je me mis à la regarder et elle me dit, comme pour répondre à ma détresse : « Ainsi soit-il. Tu as choisi de refuser l’avance de ta plus jolie amante. Tu subiras donc mon éternel châtiment. Profite une dernière fois de ma tendre étreinte. Désormais, tu m’aimeras pour toujours mais en vain ; tu aimeras cette mer immense sans jamais en voir la fin ; tu aimeras la vie sans jamais la savourer ; tu aimeras tous ceux qui m’ont refusé sans jamais les comprendre. »

               Ô terrible astre, sauras-tu un jour me pardonner pour que je puisse chasser cette irrésistible envie de te revoir ?

    Nicolas


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